Mathieu Bouville

Investir en quatre mots :
rendement, net, réel, composé

Ce que vos placements de long terme vont vous rapporter tient en quatre mots : rendement, net, réel, composé.

Le rendement net réel composé

Votre gain à long terme, le rendement net réel composé, a autant de composantes que de mots (pour ceux qui ne suivaient, ça fait quatre) :

Le rendement brut nominal peut être contrôlé (dans une certaine mesure) par l'allocation d'actifs : avec plus d'actions par exemple il sera plus élevé en moyenne. Les frais peuvent (doivent) être réduits. L'inflation et la composition des rendements me direz-vous ne sont en revanche pas quelque chose que vous pouvez changer. C'est vrai, mais ce qui est important, c'est d'en tenir compte. Un rendement nominal de 9 % semble trois fois plus élevé qu'un rendement de 3 %. Mais avec une inflation à 2,5 %, les rendements réels sont de 6,5 % et 0,5 % — treize fois plus. Et composé sur vingt-cinq ans, ça fait un gain de 380 % au lieu d'un peu plus de 13 %, ce qui fait près de trente fois plus !

Si vous ne comprenez pas l'importance cruciale de l'inflation et de la composition des rendements vous allez dire que, des deux placements ci-dessus, l'un rapporte trois fois plus, et vous vous demanderez si ça justifie des désagréments comme les krachs boursiers. Mais si vous comprenez, vous aurez du mal à trouver une bonne raison de ne pas choisir de gagner trente fois plus.

Petit comparatif

Le tableau ci-dessous donne un ordre d'idée de la différence entre un placement en actions et une assurance-vie en euros, ainsi qu'entre des frais bien maîtrisés et non maîtrisés. La différence entre un placement boursier et une assurance-vie en euros, c'est le rendement de base du placement (la première ligne du tableau) : le rendement moyen d'un placement en actions est nettement supérieur à celui des obligations dans lesquelles investissent les contrats en euros (même avec une bonne assurance-vie). La différence entre les deux fonds en actions, ce sont les frais (lignes deux et trois) — dans un cas un fonds indiciel sur un compte sans frais de garde, et de l'autre un fonds actif sur assurance-vie en unités de compte. Les rendements nets sont clairement différents (8,8 % contre 6 % contre 3,4 %), mais quand on tient compte de l'inflation et de la composition des rendements sur vingt ans, on voit un facteur 2,5 pour l'impact des frais et un facteur 12 pour la différence entre un bon placement boursier et une (bonne) assurance-vie en euros (et plus encore sur trente ans).

fonds
indiciel
fonds
actif
contrat
euros
rendement brut nominal 9   % 9   %  4  %
− frais du fonds − 0,2 % − 2,2 %
− frais contrat − 0   %− 0,8 % − 0,6 %
= rendement net nominal = 8,8 % = 6   % = 3,4 %
− inflation − 2,5 % − 2,5 % − 2,5 %
= rendement net réel 6,3 % 3,5 % 0,9 %
gain sur vingt ans 24 000 € 10 000 € 2 000 €
gain sur trente ans 52 500 € 18 000 € 3 000 €

Tableau : Exemples de rendements pour un fonds indiciel actions sur un compte titres ou un PEA, un fonds actif actions sur une assurance-vie en unités de compte et une assurance-vie en euros. Les pourcentages sont annuels, et les gains de pouvoir d'achat sont pour un capital initial de 10 000 €. (Impôts et frais d'entrée et de sortie non compris.)

Le placement qui rapporte le plus est celui qui a le rendement net de frais le plus élevé. Si ce rendement net est très supérieur à l'inflation alors vous bénéficiez à plein des rendements composés. Ceci n'est évidemment pas votre seul critère de choix, surtout sur des durées plus courtes. Et au final vous choisirez peut-être un placement qui va en moyenne rapporter seulement huit ou dix fois plus sur vingt ans qu'une assurance-vie en euros pour réduire par exemple les conséquences psychologiques de la volatilité. Mais dans ce cas aussi les quatre mots qui contrôlent ce que vous allez gagner sont : rendement, net, réel, composé.

septembre 2015

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